BONUS TMAK: Karukéra: Caloucaéra et Kousaalaoua
- Manuella Jeanlys
- 4 mars 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 mai 2022

Travail de recherche et de rédaction de Manuella Jeanlys pour TMAK Timoun a Karukéra, Tous Droits Réservés!
Le 4 novembre 1493, Karukéra a été rebaptisée Guadelupe par Christophe Colomb en l'honneur du monastère espagnol "Santa Maria de Guadalupe de Estremadura" où il avait fait un pèlerinage en 1492.
Contrairement aux îles comme Haïti, la Jamaïque ou Cuba, qui ont pu garder leur nom originel, Karukéra renommée Guadeloupe par la France porte toujours ce nom ce jour.
Selon les colonisateurs anglais, les Arawaks et Kalinagos différencient les deux îles qui composent le papillon.
Le nom de la Basse-Terre avant la période précolombienne était Caloucaéra.
Caloucaéra se situe dans la partie Ouest du papillon, avec une superficie de 848 km2.
Caloucaéra signifie "'île aux herbes" ou "île aux arbres".
Les Caraïbes ou Kalinagos l'appelaient Cibuqueira en Kali'na (langue parlée par les Caraïbes) qui a plusieurs significations: "île aux gommiers blancs" ou "île où l'on trouve de la résine" ou "île encens".
Le gommier blanc servait à fabriquer les pirogues et les cases ou huttes appelées bohio par les Amérindiens. La résine du gommier blanc était appelée gomme d'élémie.
La gomme d'élémie était utilisée à des fins médicinales, esthétiques et spirituelles.
La Rivière-Salée, bras de mer qui sépare Karukéra en deux, était appelée " Aboukétoutou" ce qui signifie “détroit”.
Le nom de la Grande-Terre avant la période précolombienne était Kousaalaoua ou couchâalaoüa ou couchahalaoüa.
Cette île corallienne, située dans la partie Est du papillon, a une superficie de 639 km2 et un littoral mesurant 134,9 kilomètres de longueur.
Dans un article de l'association Tēkina Güani - Nos Origines Amérindiennes Antillaises il est dit que "Koussa"en langue arawakienne signifie CRABE.
La racine de ce mot, se trouvant dans Kousaalaoua, laisse à penser que cette île était reconnue par les Arawaks et Kalinagos comme étant "l'île aux crabes."
Qui partage cet avis?
Il n'y a qu'à admirer la grande diversité et forte concentration de crabes qui se trouvent dans le Nord Grande-Terre pour être d'accord avec ce point de vue. Pendant le mois d'avril, les crabes se reproduisent et sortent par milliers de leurs trous. Ce spectacle est fascinant! C'est aussi le mois ou la population aime déguster les différents types de plats proposés lors de la "fête du crabe".
Voici une petite liste de noms de crabes en langues arawakienne et Kali'na que nous souhaitons partager avec vous:
Touloulou: petit crabe rouge et noir.
Shirika: crabe rouge et noir .
Abônoro: crabe bleu et de grande taille.
Koa: crabe de mer
Guanhumi: crabe de terre bleu - gris à patte orange.
Repas traditionnel amérindien.
Connaissez-vous le CRABIO?
Le crabio ou Kuasapo en Kali'na est un plat à base de jus de manioc préalablement détoxifié lors de la cuisson. Il est cuisiné avec du crabe et accompagné de poisson.
Ce mélange donne une coloration gris foncé qui varie en fonction de la quantité importante de graisse de crabe ajoutée. Ce plat typique est très prisé par les Kalinagos surtout en saison de crabe.
Le plat traditionnel amérindien que nous connaissons le plus est le CALALOU. Le calalou est la feuille de ce que les Amérindiens appelaient DACHINE. Dachine est la racine comestible que nous appelons madère.
Pour terminer:
Nous tenons à préciser que, contrairement à ce que certains sites touristiques guadeloupéens véhiculent comme message péjoratif sur les premiers habitants des îles et leur mode de vie, LES PETITES FLÈCHES DES INDIENS N'ONT JAMAIS DÉCIMÉ LA FAUNE NI LA FLORE de Karukéra, et n'ont pas pu repousser l'invasion Européenne.
Les populations Arawaks étaient pacifistes et les Kalinagos étaient un peuple de guerriers qui pratiquaient le Zémisme et d'autres formes d’animisme, croyance dans laquelle les divinités, les esprits, les animaux, les plantes, les astres, la nature et tout ce qu'elle contient étaient respectés et vénérés.
Le changement de notre écosystème, de notre biodiversité et de notre climat s'est produit lorsque:
- La plus grande partie des peuples autochtones a été massacrée par les Européens. Il y a eu un dépeuplement partiel des îles d'où le traité franco-anglo-caraibe. Puis un repeuplement avec la traite négrière, l'immigration indienne, l'immigration congolaise, l'immigration chinoise et européenne.
- Des animaux ont été transportés par voies maritimes et introduit dans nos îles pour faciliter les élevages ( bovins, ovins, caprins, porcins, avicoles et équidés).
- Des plantes, des arbres, des fruits et des légumes tels que la canne à sucre, la soie, l'indigotier, le gingembre, le café etc. sortie des quatre coins du monde lors du commerce triangulaire ont été importés dans la caraïbe.
- Les maladies aussi se sont répandues suite à tous ces voyages (nouvelles bactéries, fièvre jaune etc.)
Il est important de rappeler que nos îles n'étaient pas désertiques et que l'ananas, les pommes-cannelles, le corossol, le manioc, le roucou, les fruits de la passion, les goyaves, les calebasses, le coton étaient cultivés par les Amérindiens originaires de l'Amérique du Sud, ou se trouvaient déjà dans l'archipel.
Les langoustes, les ouassous (crevettes d'eau douce), les palourdes, les mouk (espèce d'huitres), les poissons, les tortues, en gros l’ensemble des espèces, des êtres vivants et les différents habitats dans lesquels ils évoluent représentent la beauté et la richesse de notre patrimoine.
Connaissez-vous?
Ursala Visser Biswane, la femme arawak qui a pris l'initiative d'écrire afin que sa langue arawakienne ne puisse pas disparaître?
TMAK est le titulaire de droit de cette édition. Manuella Jeanlys est la personne morale et physique qui détient le droit d'autoriser ou d'interdire l'usage quel qu'il soit du travail protégé par des droits de propriété intellectuelle !
Source:
Cage de crabes blancs ou crabes de terre de Mr François Jeanlys.
Image du Touloulou ou Gecarcinus lateralis: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gecarcinus_lateralis_Male_Costa_Rica_A.jpg
Livres à lire:
A Carib grammar and dictionary by Hendrik Courtz:
La langue arawak de Guyane: Bilingue arawak-français et français-arawak de Marie France Patte:
Liens des sites:
Du Nom Indigènes Des Îles de l'Archipel des Antilles de Thierry L'Etan: www.montraykreyol.org
Territoires Kalinas des Caraïbes:
Comments